Contes des Estuaires, c’est un vaste territoire narratif, un récit immersif, uchronique et utopique, dans lequel nous convions auteurs, artistes et publics à bâtir et vagabonder, se perdre et découvrir.
Une bible narrative sert ainsi de référence à tous les collaborateurs du projet, permettant la création d’un univers cohérent à travers une multitude d’interprétations littéraires et plastiques.
Une aventure au long cours
Contes des Estuaires est une aventure transmédia et transatlantique imaginée et développée pendant plus de 6 ans entre deux villes, Nantes et Québec. La francophonie est un grand espace à parcourir ensemble. Même si nous partageons une langue commune, nos points de vue différents s’enrichissent.
Sur cette période, les problématiques présentées dans ce projet ont mûri de part et d’autre de l’Atlantique, révélant un rapport à l’étranger, à la nature et à l’histoire radicalement différents, moteurs de notre créativité.
Les différents chapitres du projet
Cette fiction immersive se déploie en trois chapitres :
Le botaniste, premier chapitre
En 2016, le botaniste québécois Alcide Lachance est au centre de l’attention. Son projet de Jardin idéal est recréé par des enfants nantais et québécois. Le fruit de ce travail est présenté lors d’une exposition au Jardin des Plantes de Nantes où le public peut découvrir les plantes inventées par les enfants, mais aussi des illustrations et des textes d’artistes, des créations végétales étonnantes ou encore un hybridateur botanique numérique .
Parasité par une des créations, un jardinier se retrouve prisonnier plusieurs heures durant dans une plante monstrueuse. Il sera finalement libéré et pourra raconter son extase végétale, prônant l’harmonie entre l’humain et le monde des plantes.
Les explorateurs, deuxième chapitre
En 2018, on découvre qu’Alcide Lachance a rencontré Charlotte Sémafore, une jeune journaliste nantaise, et qu’ils ont ensemble imaginé leur projet de Cité idéale, lors d’une traversée Nantes-Québec à bord du navire Hypérion en 1860.
Reprenant le projet utopique d’un groupe d’explorateurs du XIXe siècle, enfants et artistes nantais et québécois du XXIe siècle vont unir leurs forces pour imaginer à leur tour une Cité idéale et montrer que l’imagination et la créativité n’ont de frontières ni dans le temps, ni dans l’espace.
Ce projet pose les bases d’une ville en transformation permanente, un lieu où vivre ensemble, où le monde des plantes, prendra une vraie part aux côtés de l’homme, où l’architecture pourra être éphémère, évolutive, bref, où la city sera moins smart mais plus poétique, moins planifiée mais plus surprenante.
En mai 2018, deux semaines de workshop au Musée de la Civilisation de Québec permettent de présenter au public une cartographie numérique, mapping vidéo interactif, permettant de générer différents paysages visuels et sonores de Cité idéale.
Enfin, en juillet 2018, une session de forage sonore le long de la rivière Saint-Charles révèle l’emplacement de l’épave de l’Hypérion et les échanges plus complets entre Charlotte et Alcide sur leur projet.
L’île inventée, troisième chapitre
On découvre que nos deux explorateurs ont décidé de mener à bien leur projet utopique. Pour cela, ils naviguent pendant trois ans à travers le monde, rencontrant et recrutant une cinquantaine de profils atypiques, scientifiques, architectes, ingénieurs, inventeurs, poètes et écrivains, pour peupler leur cité. Point commun de toutes ces personnes : elles vivent à proximité d’un estuaire et amènent avec elles des technologies, des inventions ou encore des idées que l’on peut qualifier de merveilleuses. On estime leur arrivée sur l’île à 1865.
Pendant une centaine d’années, Alcide, Charlotte, leurs camarades et leurs descendants seront isolés du monde. Leur communauté prend donc une trajectoire très différente de l’évolution de nos sociétés au même moment, mixant les apports des différentes cultures et des différents savoir-faire présents sur l’île : nouvelles formes d’architecture et d’urbanisme, nouveaux métiers, nouvelles pratiques, nouveaux langages, etc.
Peu à peu, ils apprennent à vivre ensemble, non pas en créant une seule et même histoire commune, mais en donnant une place à toutes les histoires.
Le dernier recensement connu de l’île, en 1965, fait état de près de 1 500 « citoyens ». Aucun survivant n’a été retrouvé.
Les sciences comme source d’inspiration
À la fois uchronique et utopique, notre projet décrit une société cosmopolite qui est parvenue à prendre ses distances avec l’anthropocentrisme et l’européocentrisme, contrairement au mouvement intellectuel dominant dans les empires européens du XIXe siècle. La gestion des écosystèmes d’une part et, d’autre part, la « décolonisation de la pensée » nous semblent deux enjeux fortement liés aux difficultés actuelles en matière de vivre ensemble et de préservation des diversités naturelles ou culturelles.
La circulation de plus en plus rapide des espèces et des êtres humains sur le globe représente un défi nouveau pour nos sociétés. Il s’agit ici de faire un détour par un passé onirique pour imaginer un futur à la fois commun, respectueux et durable.
Appuyés par quelques phénomènes merveilleux et par des parcours de vie hors du commun, de nombreux personnages portent des visions du monde en décalage avec leur temps, très proches de positionnements scientifiques récents tels que l’Histoire connectée ou populaire et l’ Écologie des communautés. Plus généralement, c’est la place de la coopération, de la symbiose, de la connexion et du métissage dans les dynamiques biologiques et sociétales que nous voulons mettre en avant.
En s’enracinant dans les approches les plus contemporaines de différentes disciplines scientifiques, Les Contes des Estuaires ambitionnent de mettre en culture ces connaissances. Avec pour thème central la problématique complexe du vivre ensemble, les personnages et les phénomènes merveilleux symbolisent et mettent en scène de nouvelles manières de voir les sociétés humaines et leurs écosystèmes.
Les Contes des Estuaires portent depuis le début du projet un intérêt fort pour les sciences, principalement la botanique et l’histoire. Les artistes et les enfants invités à créer autour du projet se sont nourris de nombreuses connaissances scientifiques actuelles, qu’ils ont pu ensuite déployer dans le domaine de l’imaginaire.